J’ai vu à la télé un discours du président de l’Equateur, Rafael Correa, où il parlait de la grève générale du 13 août et des manifestations qui ont touché le pays et en particulier Quito. Il parlait du calme et de la normalité qui régnaient dans le pays ces jours-ci et disait que seulement 3% des Equatoriens appuyaient le mouvement. Même son de cloche dans un JT vu peu avant : rien ne se passait, d’ailleurs on y voyait des interviews de personnes expliquant qu’elles n’étaient pas du tout affectées par la grève et les manifestants.
Je ne sais pas dans quel monde parallèle le président Correa et les propriétaires de la chaîne vivent, mais en tant que voyageurs en Equateur, on a été affectés par ces évènements, et avons continué de l’être plusieurs jours après avoir quitté Quito.
Quito la veille des manifestations
Marcher dans les rues du centre historique de Quito la veille de l’arrivée des manifestants était très différent de que ce que nous avions vécu les cinq jours précédents. Quito nous a énormément plu et on a exploré son centre d’un bout à l’autre : c’est un lieu magnifique, plein de vie, qui regorge de jolies surprises.
Du jour au lendemain j’ai vu son tranquille centre historique classé au patrimoine mondial de l’humanité se remplir de policiers, et quand je dis se remplir, je n’exagère pas : il y avait une bonne vingtaine de policiers à chaque angle de rue, encore plus sur les places, sans compter les corps de police antiémeute en tenue complète surveillant les Quiteños affairés et les touristes étonnés.
Au début nous n’avions aucune idée de ce qu’il se passait, quelqu’un m’avait pourtant parlé d’une grève générale deux semaines plus tôt, mais je n’avais pas saisi son ampleur et ça m’était déjà sorti de l’esprit.
Le réceptionniste de l’hôtel nous a expliqué qu’une marche arriverait sur la ville le lendemain et que les forces de l’ordre se préparaient en conséquence.
Sur le coup on s’est dit que ça ne pouvait pas être si terrible et qu’il suffirait d’éviter les zones concernées, pensant que ce serait comme les manifestations à Santiago de Chile, qui finissent avec du gaz lacrymogène dans tous les sens mais ne durent pas. Le problème, c’est que cette manifestation ne s’est pas arrêtée là et nous a affecté bien plus qu’on ne s’y attendait.
Sortir de Quito : premier essai
On a vu la première vague de manifestants arriver à Quito et défiler sous les fenêtres de notre hôtel, portant des drapeaux arc-en-ciel, criant des slogans contre le président et escortés par un nombre impressionnant de policiers. Le réceptionniste de l’hôtel nous a conseillé de partir le plus tôt possible le lendemain matin, avant que toute la circulation ne soit coupée dans le centre. On a suivi son conseil au pied de la lettre : à 6h le jour suivant, nous étions en route pour le terminal de bus de Quitumbe, pour quitter la ville direction Latacunga, dans l’idée d’aller jusqu’à la laguna Quilotoa.
Une fois au terminal, surprise : tous les bus allant au sud de Quito étaient annulés !
En effet, les manifestants avaient coupé plusieurs routes, dont la plus importante (la panaméricaine). Changement de plan, on a pris des billets pour Baños, mais après une heure d’attente sur le quai, un garde est venu nous dire de retourner au guichet pour se faire rembourser : aucun bus ne nous emmènerait au sud de Quito via la Panaméricaine ce jour-là.
Après réflexion, nous sommes retournés dans le centre de Quito en espérant qu’on aurait plus de chance le lendemain… A cette heure bien entendu la circulation était coupée, il a fallu prendre une route alternative et marcher un bon moment dans des rues où il y avait presque plus de policiers que de passants pour retourner à notre hôtel, situé sur la place Santo Domingo, en plein dans le centre historique.
Pendant l’après-midi on a vu les manifestants pro et anti Correa défiler, s’amasser sur la place Santo Domingo, courir parfois pour s’abriter quand la situation se compliquait et qu’il y avait des jets de gaz lacrymogènes, le tout sous le regard de quelques journalistes et cameramen. Il y avait encore du monde et pas mal de bruit quand on s’est couché ce soir-là.
Sortir de Quito : deuxième essai
Le lendemain matin rebelote, on était dans un bus direction le terminal de Quitumbe à 6h pour découvrir une fois sur place que la situation était toujours la même.
Les routes étaient toujours bloquées et les voyageurs déambulant sans savoir quoi faire entre les différents guichets ne faisaient que confirmer que tout n’était pas normal, quoi qu’en dise la télé !
Finalement, nous avons décidé d’aller à Santo Domingo de los Colorados pour ensuite prendre une autre route vers le sud et rejoindre Quilotoa. Une fois à Santo Domingo, on nous a dit que notre itinéraire bis aussi était coupé par des manifestants. Aïe ! Nous avons passé une nuit à Santo Domingo, avant de prendre un bus pour Quevedo en croisant les doigts pour que la route ne soit plus bloquée. De Quevedo, il nous restait environ 150 km pour arriver à Quilotoa via la petite ville de Zumbahua… ici la chance nous a souri : la route Quevedo-Zumbahua était ouverte, nous avons enfin atteint Quilotoa, son lac de cratère d’un bleu intense et sa vue spectaculaire !
Notre petit périple nous aura pris trois jours au lieu d’un, le visage de Quito s’est transformé l’espace de quelques jours. Les reportages de certains JT et les déclarations du président équatorien n’y changent rien : la situation en Equateur n’était pas tranquille et normale, comme bien des Equatoriens et des touristes visitant le pays ont pu le constater.
Si vous aimeriez en savoir plus sur les raisons des manifestations et de la grève générale en Equateur, cet article est très détaillé : Equateur. A la veille de la grève générale.
Mots-clefs : Sécurité
Un commentaire
La realidad es distinta, a como la cuentan los reporteros que representan un solo lado de la noticia, o el motivo por el cual es el movimiento que se quiere manifestar.
LO IMPORTANTE ES ESTAR EN EL LUGAR DE LA NOTICIA.