Après Sydney, Ben et moi avions décidé de nous rendre à Ayr, petite ville du Queensland située à plus de 2000 km au nord. D’après le très utile National Harvest Guide, c’est la bonne saison pour y trouver du travail dans les fermes, et puis… passer l’hiver dans cette région au climat tropical serait bien agréable ! 2200 km franchis à l’aide de notre pouce uniquement… ça paraît beaucoup, non ? Mais quand on regarde ce que ça représente sur une carte du pays, on relativise :
C’est toujours comme ça en Australie : on voit deux points à joindre sur la carte et on a tendance à penser que ce n’est pas si loin, puis après avoir roulé 1000 km sans rejoindre le second point, on se dit c’est quand-même long ! D’ailleurs, le paysage, le climat et la végétation changeants sont de clairs indicateurs des distances parcourues, même si la carte a l’air de se moquer de vous ! Prenons, par exemple, notre « court » trajet en train, de Sydney à Lithgow. Sortir en stop d’une grande ville est difficile donc nous avions prévu de prendre le train pour commencer à faire du stop. Nous qui pensions nous retrouver à quelques dizaine de kilomètres hors de Sydney, nous avons en fait parcouru 140 km dans les très jolies Blue Mountains pour atteindre Lithgow où le train, pas vraiment un TGV, n’est arrivé qu’en début d’après-midi, beaucoup plus tard que nous ne le pensions. On en a tiré la leçon : désormais nous regardons soigneusement les distances entre villes !
Depuis Lithgow et même si nous avions commencé à faire du stop tard – vers 15h – la chance nous a souri : notre premier chauffeur nous a emmené jusqu’à Parkes 211 km plus loin, où il nous a déposé à la porte d’un caravan park (un site pour caravanes, mobil homes et tentes). D’ailleurs, tout au long de notre voyage vers le nord, la chance nous a souri, les australiens nous ont souri, l’Australie toute entière nous a souri. Notre temps d’attente le plus long entre deux chauffeurs n’a pas dépassé les 3 heures. A chaque arrêt, nous avons rencontré des gens agréables, venant facilement nous faire la conversation, regrettant parfois de ne pas aller dans notre direction pour nous prendre. Puis il y a tous ceux qui nous ont aidés, bien sûr. Nous prenant en stop. Nous offrant un repas, un toit… même du travail.
Voyez plutôt : le lendemain, nous avons été pris par un camion avant d’avoir le temps de lever le pouce ! Il faut dire que les distances étant très grandes, les chauffeurs routiers trouvent parfois le temps bien long et un peu de compagnie est agréable. Avec ce camionneur, Dave, nous avons fait un bond de plus de 500 km dans notre voyage, arrivant tout juste à la frontière entre New South Wales et Queensland – ne pensez pas que nous étions arrivés pour autant, le Queensland est grand comme 2,5 fois la France donc pour atteindre le Northern Queensland il nous restait du chemin !
Dans le Queensland, le paysage a changé. Plus de montagnes couvertes d’arbres. A la place, une plaine couverte d’herbe sèche, parsemée d’arbres de plus en plus espacés et de cours d’eau asséchés, dominée à l’horizon par de petites montagnes (j’avoue qu’après 1 an au Chili, j’ai tendance à penser « collines » plutôt que « montagnes »). Les maisons aussi y sont différentes, ce style a même un nom : queenslander. Elles sont perchées sur des pilotis, plus ou moins élevées, parfois assez pour y aménager un garage ou y installer le barbecue. Pourquoi construire ainsi ? Pour rafraîchir les maisons plus facilement lors des grosses chaleurs et pour garder les pieds au sec lors des inondations. Car le paysage n’est que trompeusement desséché, nous approchons d’un climat tropical où de grosses pluies et des cyclones provoquent régulièrement des inondations.
Pour notre troisième nuit, nous avons atterri au milieu de nulle part : Condamine n’est qu’un tout petit point sur la carte, une série de constructions situées de part et d’autre de l’A5, la route que nous suivons. Il y a un caravan park, où vivent et passent beaucoup de travailleurs des compagnies de gaz naturel qui exploitent des gisements alentour. Après 5 minutes de conversation, la propriétaire, Debbie, nous a demandé si nous ne serions pas intéressés par un peu de travail, un jour ou deux de ménage et d’entretien. Qui aurait dit non à la possibilité de passer ses nuits dans une confortable cabine et d’un peu d’argent en échange de quelques heures de travail ? 3 nuits, 2 jours, 10h de boulot, une belle balade dans le bush autour de Condamine et un sauvetage de grenouille ayant décidé de vivre dans les toilettes pour homme plus tard, nous sommes repartis avec 300 dollars dans nos poches et une offre de repasser quand nous le voudrons chez Debbie, qui nous a fait suffisamment confiance pour nous laisser en charge durant une soirée et une matinée…
Notre bonne étoile nous a suivis pour un bon moment encore : le 4×4 qui nous a pris hors de Condamine était conduit par John, né en Inde, éduqué en Angleterre, marié à Emmy, une suisse rencontrée en Australie où ils vivent avec leur fils. Très vite, nous nous sommes rendu compte que John se rendait au même endroit que nous espérions atteindre le lendemain : Rockhampton, à quelques 450 km de là, à peu près au niveau du Tropique du Capricorne. Il a accepté volontiers de nous y emmener, gros coup de chance. Nous avons longuement conversé, puis au bout d’un moment, John nous a invités à passer une journée chez lui à Yeppoon, jolie ville côtière. Deuxième immense coup de chance. A Yeppoon, nous avons rencontré une famille passionnante et généreuse, avec qui nous avons partagé deux soirées inoubliables. Le lendemain de notre arrivée, il pleuvait. Nous n’avons pas pu visiter Yeppoon, mais c’est toujours plus agréable que de faire du stop sous la pluie, puis nous avons pu travailler sur le site. Le jour suivant, quand nous avons repris la route, j’ai eu l’impression de dire au revoir à des amis.
Et la suite, alors ? Je vous raconterai ça dans un prochain article, où vous découvrirez nos premières impressions du Queensland tropical et de la vie sauvage australienne…
Mots-clefs : Le Queensland Sur la route en Australie Voyage en stop
3 commentaires
Vite vite la suite ! Vous nous faites rêver avec toutes vos aventures
C’est extraordinaire, moi qui rêve de rencontrer un ou une coéquipier(e) pour passer une année en Australie.
Je boirai vos expériences et me saoulerai de vos histoires.
Merci et bon vent , vous êtes super(e)s.
Bonjour Christian,
Et merci ! Je ne peux pas m’empêcher de dire que Benjamin et moi avons chacun commencé à voyager seuls. Nous nous sommes rencontré en voyageant, d’ailleurs j’ai toujours trouvé des « coéquipiers » sans difficultés, comme tous mes amis voyageurs et comme Benjamin. On ne voyage jamais seul, même quand on part seul. Donc il ne faut pas avoir peur d’aller en Australie en solitaire, en quelques jours on peut rencontrer des tonnes de voyageurs avec qui faire un bout de route 😉
Anne Artículo reciente – Article récent Une bibliothèque dans mon sac à dos : Kindle