Nara est mignonne, Nara est sympa, Nara fait mieux que les opossums et les perroquets de Sydney : Nara a des cerfs. Et des lanternes en pierre. Et des temples. Et un bouddha géant. Mais surtout des cerfs.
D’animal sacré à trésor naturel national
Nara a été la première capitale fixe du Japon, à l’époque on l’appelait Heijō-kyō. La légende raconte qu’au VIII° siècle, alors que la ville était toute récente, un dieu chevauchant un cerf blanc s’est rendu à Nara, plus précisément sur le Mont Mikasa. Il n’en fallait pas plus pour que les cerfs Sika (du japonais shika) issus de cette zone deviennent sacrés, considérés comme protecteurs de la ville et messagers des dieux.
Et ça ne plaisantait pas : tuer l’un de ces animaux était passible de la peine de mort !
Faisons un bon dans le temps : pendant la deuxième guerre mondiale, la population de cerfs est passée de 700 à moins d’une centaine d’individus, les Japonais ayant d’autres priorités que de soigner de près les cerfs de Nara. Une fois la guerre finie, des mesures de protection rigoureuses sont mises en vigueur, puis en 1957 les cerfs Sika de Nara deviennent officiellement un trésor naturel national. Un statut qui leur réussit : actuellement leur population est évaluée à 1200 !

Trésor naturel national du Japon, rien que ça !
Nara Park : tête à tête avec Bambi
Les cerfs Sika sont petits, pour être franche, je pensais avoir affaire à des daims ! On dirait la version de poche du cerf commun français… j’imagine que s’ils avaient été plus grands, donc plus encombrants et plus dangereux, leur statut unique à Nara n’aurait pas traversé les siècles. Il faut dire que s’ils sont à moitié domestiqués – beaucoup se laissent approcher voire caresser dans leur quête de nourriture – ils n’en restent pas moins sauvages, donc imprévisibles : ils peuvent se montrer agressifs. Des panneaux rappellent aux touristes d’être vigilent.
Pas besoin d’aller loin pour les trouver : vous en rencontrerez des tonnes à coup sûr dans le Nara Park et les temples adjacents, à deux pas du centre-ville.
De près et en vrai, ils sont juste adorables, level chaton. On s’amuse de les voir se dresser sur leurs pattes arrière pour manger des feuilles d’arbre, on s’attendrit sur leur belle tête fine et leurs grandes oreilles, on admire leur façon assez gracieuse de se déplacer, on s’étonne de la texture de leurs bois…
Ce n’est pas tout ! Les Japonais, dont la culture accorde beaucoup d’importance à la politesse, aiment particulièrement le mouvement de tête que font beaucoup de cerfs quand on leur tend de la nourriture : on dirait qu’ils s’inclinent très poliment pour remercier.
Nourrir les cerfs, est-ce vraiment une bonne idée ?
Je ne pense pas être la seule à m’être posé la question : après tout, ce sont des animaux sauvages. Quand j’en ai appris un peu plus sur la relation entre hommes et cerfs à Nara, ça m’a rassurée : non seulement c’est un aspect culturel ancien qui vivra longtemps encore, mais c’est surtout une population de cerfs bien précise qui est visée. Et si elle a « survécu » à plus de 1000 ans d’interactions avec les habitants de la zone, c’est plutôt bon signe.
Ici, la population très dense d’animaux est clairement un résultat des soins procurés par les hommes ainsi que la nourriture qui leur est distribuée : en hiver, les cerfs dépendent principalement de l’Homme pour se nourrir. Pas parce qu’ils sont incapables de se nourrir seuls, mais parce qu’ils sont trop nombreux par rapport à la quantité de nourriture disponible. Livrés à eux-mêmes ils subsisteraient mais seraient beaucoup moins nombreux… comme lors de la Seconde Guerre Mondiale.
Si vous n’avez pas envie de les nourrir ça ne vous empêchera pas d’en voir de près, comme ils sont partout et peu farouches. Pour être franche, je pense avoir plus apprécié de prendre le temps de les regarder sans les nourrir, même si j’ai aimé leur donner à manger.
Anaïs et moi avec nos amis cervidés : une belle relation qui a duré le temps d’engloutir nos tous biscuits !
Quelques conseils au moment de les nourrir
Les cerfs ont droit à leur espace : s’ils s’éloignent de vous, laissez-les tranquilles. J’ai vu plusieurs personnes manquer de se faire mordre parce qu’elles étaient trop bêtes pour laisser un animal en paix et aller voir l’un de ses nombreux congénères à la place.
Soyez sur vos gardes, en particulier avec des enfants : ça ne nous est pas arrivé, mais les cerfs peuvent se montrer agressifs pour obtenir un biscuit (coup de tête, morsure, coup de patte). Ils peuvent aussi être très nombreux autour d’une personne, ce qui peut être un peu stressant même s’ils ne sont pas du tout agressifs.
Quand vous les nourrissez, ils peuvent décider de grignoter autre chose, comme un plan de la ville ou la courroie d’un appareil photo. Bien entendu, c’est mauvais pour leur santé (et votre appareil) ! Evitez de les laisser ingurgiter n’importe quoi et rangez ce qui pourrait les intéresser. Ne faites pas comme cet imbécile que nous avons vu donner un prospectus à manger : il y a des biscuits spéciaux en vente (150 yens pour une dizaine) partout dans le Nara Park et les temples.

Quand le cerf mange des feuilles, l’imbécile lui donne du papier.
Pas envie d’acheter les fameux « deer biscuits » ?
Il y a plus simple : les cerfs aiment les feuilles de certains arbres. Cherchez juste ceux dont les feuilles des branches les plus basses ont été mangées, abaissez quelques branches pour qu’elles soient accessibles aux cerfs, et vous vous ferez de nouveaux amis en quelques secondes !

Mes compagnons de voyage en adoration.
La touche adorable à une ville charmante
Je vous le disais au début de cet article : Nara a d’autres attraits que les cerfs Sika. Ils sont une touche adorable à une ville charmante, au patrimoine impressionnant dont je vous parlerai bientôt. J’aurais aimé découvrir les temples de Nara, son parc et son paysage de montagnes quoi qu’il arrive, mais ce sont les cerfs qui en ont fait l’un de mes plus beaux souvenirs du Japon !

Nara en une photo : cerf et lanternes de pierre !
Mots-clefs : tourisme animalier
6 commentaires
très bel article …et très étonnante, cette particularité !
« This is such a beauty! » 😀
yes it is, isn’t it? comme un chat!:-)
Wahou ! sympa les photos, c’est une superbe expérience ! Ils ne sont pas craintifs du tout
Simon – VoyagesVoyages Artículo reciente – Article récent Découvrir Marrakech
Sympa comme expérience. En Thaïlande, il y a une ville où les singes sont en liberté (Lopburi près de Bangkok), c’est vraiment très drôle.
Planete3w Artículo reciente – Article récent 3 semaines en Thaïlande : notre itinéraire
C’est vraiment sympa, ça donne envie d’aller visiter cet endroit !