WHV Australie : la nationalité d’un passeport change tout
Lorsque vous voyagez, le lieu où vous êtes né et où vos parents, voire vos grands parents, sont nés, importe énormément. Voyager avec un passeport de l’Union européenne ou un passeport d’Amérique latine change beaucoup de choses, de plus au sein même de l’Amérique du Sud il existe une grosse inégalité selon le passeport, c’est regrettable. Seuls trois pays d’Amérique du Sud ont un Programme Vacances Travail (PVT) pour un Working Holiday Visa (WHV) avec l’Australie: l’Argentine (500), le Chili (1500) et l’Uruguay (200), les chiffres entre parenthèses indiquent le quota annuel de visas délivrés. Pas vraiment juste : l’Argentine compte 2,5 fois plus d’habitants que le Chili, mais peut délivrer 3 fois moins de visas.
Le WHV est l’une des meilleures façons de commencer à voyager, d’apprendre ou d’améliorer votre anglais, et de financer un voyage. Vous pouvez généralement passer un an dans le pays, en travaillant pour se financer sur place ou pour économiser et continuer à voyager vers d’autres destinations. C’est un visa à entrées multiples, vous pouvez entrer et sortir du pays à volonté pendant la période de votre visa.
Les critères pour les sud-américains
Anne et moi avons décidé de demander le WHV Australie, nous l’avons obtenu et dans quelques heures, nous prenons un vol à destination de Sydney. Ce n’était pas facile pour moi, étant chilien, je devais répondre à un certain nombre d’exigences. Il m’a fallu environ 5 mois pour obtenir le visa et j’ai dépensé une somme d’argent considérable en cours de route.
Les critères qu’un citoyen de l’Argentine, du Chili et de l’Uruguay doivent remplir sont les suivants :
1. Être hors de l’Australie lors de la demande de visa.
2. Avoir entre 18 et 30 ans (inclus).
3. Avoir un niveau fonctionnel d’anglais, ce qui signifie qu’il faut obtenir une note minimale à un examen d’anglais. Les examens reconnus par le Ministère de l’Immigration australien sont le IELTS et le TOEFL. En général, des sessions d’examen sont réalisées tous les mois, il faut s’inscrire au moins un mois à l’avance et les résultats sont communiqués 15 jours plus tard (donc déjà un mois et demi de délai).
Le IELTS m’a coûté 142 000 CLP (≈ 230 €) – à titre de comparaison, le salaire mensuel minimum chilien est de 193 000 CLP (≈ 315 €), vous imaginez ce que cette dépense représente ici. De plus, l’accès à un enseignement de qualité de la langue anglaise est un véritable luxe au Chili.
Première différence entre un européen et un latino, on n’exige pas un niveau d’anglais minimal à un français ou un italien. En 2010, j’ai passé 6 mois en Australie et j’ai rencontré de nombreux routards européens qui ne parlaient pas anglais et qui étaient là-bas avec le PVT.
4. Avoir validé au moins deux années d’études dans ou être diplômé de l’enseignement supérieur. Comme j’ai abandonné l’université avant d’obtenir mon diplôme, j’ai dû faire les démarches pour obtenir un certificat de mes semestres d’études validés.
Beaucoup de gens ne vont pas à l’université au Chili car c’est beaucoup trop coûteux, cela est un énorme obstacle au voyage pour beaucoup de jeunes chiliens, on pourrait presque parler d’élitisme.
C’est la deuxième différence, les détenteurs de passeports européens n’ont pas à avoir étudié.
5. Justifier des fonds pour la première partie du séjour et un billet retour (ou en avoir acheté un). C’est au moins 5 000 AUD (3 930 €) auquel il faut ajouter le prix des billets d’avion. Avec une promotion de LAN, la compagnie aérienne chilienne, nous avons trouvé deux billets A/R Santiago – Sydney pour 1 327 782 CLP (2 150 €). Au total, il m’a fallu prouver que j’avais environ 5 000 € à ma disposition.
Pour en faire de même, vous pouvez utiliser tous vos comptes bancaires ou vos cartes de crédit, ainsi que ceux d’un parent, mais vous aurez à prouver qu’il est un parent et que vous aurez accès à cet argent en cas de besoin.
Nous sommes arrivés à la troisième différence entre un latino et un européen, qui ne doit pas prouver de tels fonds pour faire la demande de visa (bien qu’en théorie on peut lui demander de justifier de ces 5 000 AUD à la douane, puisqu’il s’engage à les avoir).
6. Avoir « l’appui du gouvernement », ce document est sollicité auprès du Ministère des Affaires étrangères du pays (Chili, Argentine ou Uruguay). Pour obtenir cette lettre d’approbation, vous devez fournir au ministère de nouveaux documents :
- Photocopie du passeport
- Certificat de naissance
- Un extrait de casier judiciaire (qui doit être vierge)
- Une déclaration notariée que vous n’avez pas d’enfants à charge et que vous retournerez dans votre pays à la fin du visa
- Titre de l’enseignement supérieur ou certificat pour avoir complété deux années d’études au moins
Quatrième différence, les détenteurs de passeports européens n’ont pas à demander ce document à leur gouvernement.
7. Paiement : le prix du visa est de 365 AUD pour les citoyens européens comme d’Amérique du Sud. Presque la seule chose que nous ayons en commun !
Enfin, les citoyens européens peuvent « prolonger » le visa d’un an s’ils répondent à une exigence : avoir travaillé dans le milieu agricole pendant au moins 3 mois. C’est une grande différence, car les Sud-Américains n’ont aucun moyen de prolonger le visa.
Ma démarche a pris 5 mois, celle d’Anne ? 3 heures
Il m’a fallu des mois pour obtenir tous les papiers, étudier pour le test et obtenir l’argent nécessaire à la demande. Nous avons tout réuni et déposé les documents à l’ambassade d’Australie à Santiago, puis j’ai attendu environ deux semaines pour recevoir le courriel m’informant que ma demande de visa vacances travail classe 462 avait été acceptée. Lorsque nous avons reçu la réponse, Anne a fait sa demande de WHV en ligne sur le site de l’immigration australienne et elle a reçu une réponse positive l’après-midi même. Ce visa qu’il m’a fallu cinq mois pour obtenir, à elle, il lui a fallu moins de 3 heures, sans démarches ni papiers à montrer, en seulement quelques clics.
Les préjugés qui mettent des barrières
La plupart des Argentins que je connais voyagent avec un passeport espagnol ou italien, c’est beaucoup plus facile et confortable. Au Chili, le nombre de personnes qui ont 2 passeports est nettement moindre, et pour un sud-américain il est en général difficile de voyager. Il existe une discrimination acceptée sur le sujet, pour les citoyens de certains pays, empoigner le sac à dos et prendre la route est difficile.
Tous ceux qui voyagent comme nous savent que vous n’avez pas besoin d’argent pour le faire ; nous disons toujours que c’est la volonté et la détermination qui sont le plus important, que c’est la décision de se lancer qui est difficile à prendre. Mais que faire si quelqu’un rêve de voyager et a la « malchance » d’être né en Bolivie ou au Soudan ? Pour cette personne, la chose la plus difficile n’est pas de se lancer. Non, le plus difficile sera certainement de passer l’immigration aux aéroports, aux ports et aux postes frontières. Le plus difficile, ce sera tenter de briser la stigmatisation des «immigrés» et les clichés associés aux pays d’où ils viennent, qui leur collent à la peau et les suivent d’une demande de visa à l’autre.
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2 commentaires
Je comprend mieux pourquoi les français sont mauvais en anglais… Ils devraient leur faire passer le TOEFL également !
Par contre, j’ai envie de dire que ce n’est pas « presque » élitiste, ça l’est tout court !
Comme on dit, ce qui ne tue pas rend fort, même si les difficultés sont plus grande pour toi Chilien, ça payera quoi qu’il arrive. La preuve : tu dis que certaines personnes étaient en Australie depuis 6 mois et ne parlaient pas anglais.
Lorsque j’étais en Amérique latine j’ai rencontré un couple d’anglais qui venait d’y passer 4 mois, il ne savait même pas conjuguer le verbe avoir à la première personne, il n’avait pas pris la peine d’apprendre « tengo », en fait je trouve cela presqu’honteux, voir irrespectueux. Du coup je leur ai donné des leçons d’espagnol, et ils y ont pris goût (surtout la fille sans discrimination, en fait lui n’a rien voulu apprendre, chacun ses problèmes) Mais là c’est un autre débat.
Haydée@Travelplugin Artículo reciente – Article récent J’ai 28 ans et ma vie semble toute tracée. Que puis-je y faire ?
Je suis d’accord avec toi : apprendre quelques mots et expressions basiques dans la langue du pays où l’on va, c’est un effort minimal, en particulier quand on part dans le cadre PVT !
Benjamin et moi on a ressenti beaucoup de colère et d’amertume par moment, face au déséquilibre des exigences. Ce qui nous a « achevé » c’est quand j’ai reçu la réponse pour mon visa si rapidement comparé à lui, c’en était indécent. Mais comme tu dis, ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, je suppose que nous serons mieux préparés face à ce genre de problèmes quand ils se présenteront à nouveau. Puis surtout, nous accordons encore plus de valeur au privilège que l’on a de pouvoir voyager. Je savoure chaque instant passé en Australie, parce que ça a été long et qu’on n’était pas sûrs du tout d’obtenir le visa de Ben.
Anne Artículo reciente – Article récent Accidentes de viaje y seguro médico