Imaginez : vous êtes au milieu du désert le plus aride au monde. Il n’y a que de la roche et du gravier ; le paysage est un camaïeu de fauve. Au loin s’élèvent des montagnes immenses, des volcans andins. Pas de trace de vie ou presque. Les jours sont chauds, les nuits glaciales. L’air est sec, le ciel sans nuage. La nuit tombe… vous levez les yeux, et vous restez un long moment la tête penchée en arrière, subjugué par le spectacle : vous n’avez jamais vu autant d’astres ! Vous êtes au Chili, dans le désert d’Atacama. Ici le monde vient scruter les étoiles.

La Silla peu après le coucher du soleil | ESO/José Francisco Salgado (josefrancisco.org)
C’est la sécheresse extrême du désert d’Atacama qui en fait l’endroit idéal pour observer l’espace : moins il y a d’humidité dans l’atmosphère, plus les nuages sont rares, mieux on voit. Comme ce milieu est inhospitalier, les humains y sont peu nombreux et la pollution lumineuse est minime. Pas non plus de poussières dans l’atmosphère. Dans le coin c’est simple : les routes secondaires et les pistes quittant la Panaméricaine mènent soit à un observatoire, soit à une mine. Et, de loin en loin, l’un des monts qui jalonnent le désert est coiffé de constructions particulières, blanches et argent, qui étincellent sous le soleil. En s’approchant, on distingue des tours, de grandes paraboles, d’énormes cylindres… Peu d’endroits vous donneront autant l’impression d’avoir mis les pieds dans un film de science-fiction que le sud du désert d’Atacama, au paysage lunaire et aux constructions futuristes.

Benjamin et moi visitons des installations de l’ESO (European Southern Observatory – observatoire européen austral), fruit de la collaboration de 14 pays d’Europe plus le Brésil. L’ observatoire de La Silla est installé à 2400 m d’altitude au sommet du mont éponyme où opèrent trois grands télescopes. Il est accessible au public, à condition de réserver à l’avance – et n’espérez pas vous y glisser incognito : un portail barre la route de l’observatoire ! Un garde vérifie notre identité et s’assure que nous sommes bien sur sa liste avant de nous laisser passer. La route en question serpente à travers les étendues vides avant de grimper sec. Très sec. Les routes, même les parkings sont pentus ; je maudis chaque arrêt. Enfin arrivés en haut, je décide que la vue vaut bien la séance impromptue de démarrages en côte.

Le guide nous emmène d’un bâtiment à l’autre, dans les bureaux où naissent les images par ordinateur, au pied d’un énorme télescope, d’un étroit balcon surplombant le vide à une plateforme tournant sur elle-même. C’est poétique, quand on admire la vue ou que le regard s’attarde sur les images de galaxies et nébuleuses créées à partir des données recueillies par les télescopes de l’ESO. C’est profondément scientifique, très technologique : oubliez l’image d’Epinal, il n’y a pas d’œilleton où regarder directement le ciel. Les clichés sont générés par ordinateur. Bref, c’est regarder les étoiles au 21ème siècle.

La Fée Clochette, formée de 3 galaxies | ESO

Nébuleuse de la Tête de Cheval | ESO
Et ça n’est pas fini : depuis La Silla déjà, on aperçoit l’un des nombreux autres observatoires installé dans le désert d’Atacama (celui de Las Campanas, des Etats-Unis). D’autres projets énormes et ambitieux sont en cours de construction : d’ici 2020, le Chili concentrera 70% des installations d’observation du monde. Dans le fond c’est logique : qu’est-ce qui peut prospérer dans le désert le plus aride du monde, où l’on simule des missions sur Mars, si ce n’est la pointe de l’astronomie mondiale ?

Autour de La Serena et de la Valle del Elqui, les tours nocturnes à la découverte du ciel et les visites d’observatoires abondent. Les nuits étoilées sont tellement belles dans les déserts du monde, mais il n’y a qu’au Chili qu’elles ont aussi enrichi ma journée !
| Observatorio Meridional Europeo de La Silla – ESO Informations : site internet de l’ESO Tarif : gratuit S’y rendre : carte – à partir de la Ruta 5, prendre la C-541 vers l’est. L’observatoire est indiqué. Il est au bout de la C-541, en partie non revêtue. Il faut venir par ses propres moyens. Visites : tous les samedis de septembre à juin, rendez-vous à 13h30, début de la visite à 14h. Pour vous inscrire, remplissez en ligne ce formulaire en espagnol ou en anglais. Vous recevrez la confirmation de votre inscription par email. Lors de la visite, arrivez avec ce deuxième formulaire en anglais ou en espagnol correctement rempli et signé, on vous le demandera à l’entrée. Préparez votre visite : il n’y a pas d’hébergement ni de restauration pour les visiteurs à La Silla, prévoyez en conséquence et n’oubliez pas de prendre beaucoup d’eau. Pas non plus de station essence. Enfin, même s’il fait beau et chaud, la température baisse au sommet. Au cas où, prenez de quoi vous couvrir. |
Tags: visites






















5 Comments
Avec 300 jours de soleil par an, et quelques millimètres de pluie, il est clair que la géographie et le climat sont parfaitement adaptés à l’exploration du ciel. Les observatoires se ressemblent fortement, le site ressemble étrangement au Tololo dans la Valle del Elqui. Le rêve d’enfant en est brisé. J’imaginais voir les étoiles à travers une lunette, mais la technologie fait que tout est vu sur écran.
Mathieu@Voyage au Chili Artículo reciente – Article récent Les Cadeaux Originaux et Souvenirs de Voyage à Ramener du Chili
Les observatoires se ressemblent en effet, d’ailleurs je ne conseillerais pas d’en visiter plusieurs, je crois qu’on se lasserait vite à moins d’être passionné par la question ! Personnellement, j’ai été subjuguée par le désert ici, puis je suis toujours curieuse d’en savoir un peu plus sur un tas de choses, donc visiter un observatoire ça me parle et j’ai la sensation qu’au Chili on ne fait pas mieux. Pas de rêve d’enfant brisé pour moi, je me suis simplement amusée de ma naïveté après coup 🙂 Enfin comme c’est une visite diurne, on ne regarderait pas dans la lunette quoi qu’il arrive, donc je n’ai pas eu la sensation de passer à côté de quoi que ce soit.
La visite est restée très positive bien sûr. Le panorama sur les Andes à plus de 2000m d’altitude, le chemin pour y accéder sont de souvenirs inoubliables. Je dirai même, c’est comme sur les bouquins que l’on a vu à école, on voit des cactus, sur une terre aride, oui c’est bien réel et c’est magique.
Mathieu@Voyage au Chili Artículo reciente – Article récent Les Cadeaux Originaux et Souvenirs de Voyage à Ramener du Chili
J’en connais une qui va adorer la Fée Clochette !
🙂
L’installation est immense ! Et à l’air bien protégé ! C’est vrai que je trouve également que les observatoires se ressemblent tous. En plus n’étant pas connaisseur, je ne verrais pas du tout la différence. Mais c’est une bonne idée de visite 🙂
Dans le même genre j’aime bien les centrales hydrauliques et les barrages 😉
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