Pour notre première incursion dans un parc national australien, on a misé sur une valeur sûre, à défaut d’être originaux : le Kakadu National Park. La star du Northern Territory recèle trésors naturels et culturels dont tous les guides font l’éloge. Parfois ces célébrités sont victimes de leur succès ou jouissent d’une réputation surfaite et le visiteur est déçu, comme ça m’est arrivé à Huerquehue au Chili… mais pas cette fois : tout le monde ou presque vous conseillera d’aller à Kakadu et à mon avis, tout le monde ou presque aura raison.
Le Kakadu National Park, c’est…
- Le plus grand parc national d’Australie : 19,816 km², presque aussi grand que la Slovénie !
- Un classement au patrimoine mondial de l’humanité depuis 1981
- De l’art aborigène vieux de 50 000 ans
- 6 saisons selon les Bininj/Mungguy
Parmi tous les animaux d’Australie, on y trouve :
- Plus du tiers des espèces d’oiseaux
- Un quart des espèces de poissons d’eau douce
- Un cinquième des espèces de mammifères
- 117 espèces de reptiles
- 2 000 espèces de plantes
- 10 000 espèces d’insectes
Avant d’y aller, je redoutais les armées de touristes et les flottes de bus envahissant tout, dérangeant les animaux, rendant impossible l’observation de quoi que ce soit, si ce n’est au-dessus de l’épaule des trois rangées de personnes devant moi. Mes parents venaient de nous rejoindre pour trois semaines en Australie et je voulais qu’ils en profitent à fond, si possible sans mourir dans un brusque mouvement de foule à l’apparition du premier crocodile. Heureusement, mes craintes étaient infondées ! Même si le parc très touristique est clairement exploité (caravans parks, hotels, croisières…) et habité (la ville de Jabiru, notamment), il est loin d’être « tout bétonné » et les boutiques de souvenir ne fleurissent pas à chaque carrefour. D’ailleurs, une partie des routes n’est praticable qu’en 4×4 : avec notre petit van de location, impossible d’y aller. Cela dit, on en prend déjà plein les yeux…
Les oiseaux, d’abord : nos premiers pas à Kakadu sont du côté de Mamukala, zone marécageuse où une plateforme d’observation offre une vue idéale sur les lieux et ses très nombreux habitants. C’est beau et vivant, nous passons un long moment en admiration. Puis nous faisons la randonnée adjacente, une boucle de 3 km au milieu des pandanus, petits arbres évoquant un peu le palmier, aux longues et étroites feuilles arrangées en spirale. Je m’amuse à chercher les nids faits de feuilles d’arbres des fourmis tisserandes, dont la couleur et le goût acidulé* me font penser à des myriades de minuscules citrons verts… A quelques mètres du sentier un wallaby nous regarde attentivement. Moins de deux heures de balade dans le parc et nous sommes tous sous le charme !
*Les aborigènes consomment ces fourmis. Pas besoin d’en manger pour goûter, cela dit : il suffit d’en saisir une, elle sécrètera en défense une substance acidulée que vous pourrez lécher sur vos doigts après l’avoir relâchée. C’est ce que Benjamin et moi avons fait !
Les paysages du Kakadu National Park n’en ont pas l’air, mais ils sont profondément marqués par l’Homme : les aborigènes vivent ici depuis au moins 50 000 ans. Ils se nomment Bininj ou Mungguy, ce qui signifie « aborigène » dans deux des langues parlées sur le territoire du parc. En pratiquant l’écobuage notamment, ils ont influencé l’organisation de la faune et de la flore de Kakadu dont la santé et l’équilibre dépendent en partie de ces feux. Alors que nous entrons dans le parc, un incendie contrôlé mais pas moins impressionnant nous accueille… Les Bininj/Mungguy sont impliqués dans la gestion des terres qu’ils connaissent si bien et dont ils sont propriétaires (certains propriétaires traditionnels ont choisi l’intégration au parc en particulier pour protéger leurs terres de l’exploitation minière – Kakadu est riche en uranium).
Les spectaculaires peintures aborigènes de Kakadu sont un grand attrait du parc, avec raison : c’est en les découvrant que je prends mieux conscience de la variété et de la richesse des cultures aborigènes. De leur ancienneté, aussi : certains animaux représentés ont disparus de la région depuis des dizaines de milliers d’années… la longévité de la société qui a produit ces peintures et qui maintenant les préserve, est extraordinaire. Nous faisons le tour de ces témoignages du passé à Ubirr, puis à Nourlangie. J’ai la sensation, dans ces deux lieux, d’un va-et-vient incessant entre nature et culture, peinture et paysage, vie sauvage et humaine. C’est presque magique.

Le thylacine, ou tigre de Tasmanie, a disparu de Kakadu il y a environ 3 000 ans (probablement suite à l’arrivée des dingos). Il est maintenant totalement éteint.
Nous passons une fin de journée à Yellow Water, suivant l’une des nombreuses visites guidées par des rangers que le parc propose gratuitement.
Yellow Water est une zone marécageuse le long d’une rivière ; entre les aigrettes et les canards, nous apercevons un crocodile de mer glissant silencieusement dans l’eau. Malgré son nom, il vit aussi bien en eau douce qu’en eau salée. J’observe à bonne distance la plus grande espèce de reptile du monde… Dans le parc, il y a des tonnes de panneaux expliquant que ces « salties » pullulent et qu’aller piquer une tête ou même s’approcher des berges des nombreux cours d’eau et billabongs est une très, très mauvaise idée. Des imprudents sont attaqués à travers tout le nord de l’Australie chaque année, y compris au Kakadu National Park !

Mieux vaut y réfléchir à deux fois avant de s’approcher de l’eau paisible de Yellow Water…
Le Kakadu National Park est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO comme paysage naturel et comme paysage culturel, ce classement mixte concerne seulement 29 lieux dans le monde. Je suis convaincue qu’il n’a pas volé sa place. Quant à mes parents, mission accomplie : ils ont adoré le parc, ses paysages, son histoire, sa flore et sa faune… à l’exception des moustiques, évidemment !
Kakadu National Park Informations : Programme de vacances Tarifs : pass valide pour 14 jours, $25/personne, gratuit pour les moins de 16 ans. Hébergement : il y en a beaucoup dans le parc, du simple camping à $5/personne jusqu’à l’hôtel à plus de $250/chambre |
Tags: Le Northern Territory Parcs et Réserves d'Australie visites
4 Comments
J’adore cet article car je me retrouve dans le parc qui est magnifique … et je revis ces journées !
J’adore! mon parc préféré du pays, je crois en même temps que c’est le plus beau! la nature australienne est vraiment incroyable! un joli post avec de très belles photos! 🙂
Karine M. Artículo reciente – Article récent sejour australie
Superbes photos et récit (celle du crocodile immergé est waoh !). Ptit flashback quand tu parles de la fourmi acidulée 🙂
Tout comme Marie Anne, j’aime beaucoup cet article qui me fait revivre ce que j’ai vécu en juillet! Merci