En marchant dans les rues de Darjeeling, nous avons croisé plusieurs voitures qui ressemblent presque à des jouets : petites, colorées, formes arrondies… en voyant ce modèle, je me suis souvenu que j’en avais entendu parler il y a quelques années : Tata, l’entreprise indienne, avait entrepris de fabriquer la voiture la moins chère au monde. Ce projet a abouti à la voiture que l’on voyait maintenant : la Tata Nano.
Tout a démarré en 2003 avec les meilleures intentions, l’idée était de créer une voiture bon marché pour remplacer les motos et les rickshaws tellement populaires dans les rues indiennes. Dès le l’annonce du projet, Tata a dû le défendre : l’entreprise a assuré à plusieurs reprises qu’il s’agirait bien d’une voiture, pas d’un rickshaw à 4 roues, qu’elle ne serait pas faite de plastique et qu’elle aurait un toit !
Le produit fini laisse dubitatif : si la Tata Nano ressemble à une véritable voiture, elle a été conçue pour le marché indien, où les règles de sécurité sont bien plus souples que dans les pays occidentaux.
Le prix de la voiture est de 150 milles roupies, ce qui fait environ 1 850 euros. C’est vraiment pas cher, même si c’est le prix pour le marché indien : dans d’autres pays elle est vendue plus, du coup elle n’y est plus forcément la voiture la moins chère du monde !
L’une des raisons de son bas prix, c’est le coût de la main d’œuvre indienne : le site internet de la BBC indique par exemple que le salaire moyen en Inde est de 295 dollars par mois, c’est déjà bas, et ce n’est qu’une moyenne. Concrètement, dans le milieu industriel, les salaires peuvent être à 3 dollars par jour… Les entreprises tirent avantage de cela pour abaisser les coûts de production.
Problèmes de sécurité
La Tata Nano peut circuler en toute légalité en Inde, mais cette voiture ne serait pas autorisée à rouler telle quelle au Chili ou en France : elle n’a pas les requis en matière de sécurité ! Dans le but de ronger les coûts, Tata a utilisé énormément de plastique au lieu de métal dans la fabrication : le châssis et les liens de carrosserie sont collés au lieu d’être soudés, ses performances en cas de choc sont très mauvaises. La voiture n’a pas non plus d’airbag.

Une Tata Nano en flammes à Delhi (image IBN Live)
Pendant les premières années de production en Inde, plusieurs Tata Nano ont spontanément pris feu : soudainement et sans raison apparente, la voiture s’enflammait. Bien entendu, Tata a nié toute responsabilité au niveau de leur design, et a rejeté la faute sur le fabricant du circuit électrique, évoquant un court-circuit. Le fabricant en question, Shutham Electric, fournit Tata Motors, mais aussi d’autres compagnies comme Nissan ou Fiat. Puisque seule la Nano pose problème, on peut supposer que la recherche de très bas coût les a poussés à créer un circuit électrique de très mauvaise qualité.
En janvier 2014, la Nano a été testée par une entreprise indépendante pour la première fois, par Global NCAP en Allemagne. Un test simple : la voiture lancée à 64 km/h est précipitée contre un mur, ensuite on évalue son niveau de sécurité ; une note de 0 (le pire) à 5 étoiles (le meilleur). La Tata Nano a été notée… 0 étoile.

Crash-test sans appel (image Global NCAP)
Tata Nano en dehors de l’Inde
En 2009, elle a été présentée en Europe lors du salon de l’automobile de Genève en Suisse. Le plan était de lancer l’auto sur le marché européen en 2011, ce qui n’est toujours pas fait. Tata parle maintenant de l’introduire en 2015 sur les marchés européen et états-unien, pour un prix de vente bien plus élevé : 10 000 dollars, soit quatre fois plus qu’en Inde. Bien entendu, ce modèle sera adapté aux standards de sécurité et de confort exigés dans ces pays.
Tata Nano en Inde
Ce modèle n’est pas le plus populaire en Inde, contrairement aux ambitions de l’entreprise, l’accueil des Indiens n’a pas été très enthousiaste. Difficile entre autres pour la Nano de s’imposer face aux motos moitié moins chères. La plupart des spécialistes considèrent que ce projet est un échec : seules 239 003 Nano ont été vendues depuis le lancement il y a six ans. Pas grand-chose dans un pays de 1 300 millions d’habitants où le modèle le plus populaire, la Suzuki Maruti, s’est écoulé à 137 406 unités rien qu’en 2013.
Quoiqu’il arrive, en croiser une dans les rues d’Inde est chouette, tant l’idée qui l’a impulsée était ambitieuse : donner au peuple indien la voiture la moins chère du monde, pour se substituer aux armées de motos et rickshaws.
4 commentaires
J’ai été en effet des plus surpris en février dernier de voir aussi peu de Nano dans les rues (elle n’existait pas encore au cours de mes précédents voyages en Inde). Je m’attendais à un ras de marrée mais on voit en fait bien plus de petites Suzuki Maruti. Je n’ai aucune idée du prix d’une petite Maruti comparé à la Nano.
Une Nano à 10000 $ en Europe ? C’est plus cher qu’une Dacia Sandero non ? Ça ne tient pas vraiment la route (c’est le cas de le dire !).
Laurent Artículo reciente – Article récent Let’s go tacatac de Fianarantsoa à Manakara
Le Suzuki Maruti est plus chère que la Nano, mais elle n’a pas la réputation de prendre feu spontanément, ça doit être tout de suite plus vendeur 😉
La Nano à 10 000 dollars ça reste parmi les voitures les moins chères, à voir si cette version trouve des acheteurs. Si quelqu’un cherche une auto mini, elle sera moins chère que Smart, par exemple.
Le prix au détriment de la sécurité… Mais en Inde cela doit bien marcher quand même pour ceux qui veulent absolument une voiture
Manu @ VoyageAvecNous Artículo reciente – Article récent Première étape à Bali : Ubud
Les Indiens n’ont pas les mêmes exigences en matière de sécurité quelque soit le modèle, c’est vrai qu’ils sont moins regardants. Enfin, les incendies ont quand-même donné mauvaise réputation à la Nano !
Anne Artículo reciente – Article récent Voir de près les adorables cerfs de Nara