On a visité les îles Uros sur le lac Titicaca au Pérou, un lieu unique au monde.
Même s’il a y d’autres îles artificielles habitables autour du globe je ne pense pas qu’il existe quoi que ce soit de comparable, pour l’ancienneté et l’originalité des îles Uros.
Cela fait plusieurs siècles que les Uros vivent sur ces îles faites de totora, un genre de roseau qui abonde dans le lac. Il y a actuellement plus de 80 îles où vivent environ 270 familles.

La totora abonde sur le lac, elle est récoltée et séchée par les Uros pour la fabrication des îles.
Visiter ces îles est un spectacle au sens littéral : un show touristique qui en devient par moment très gênant, mais si vous voyagez à Puno ces îles sont vraiment à voir.
Visiter les îles sans guide
Dans tous les hébergements et les agences de voyage de Puno on peut trouver des tours, le prix peut démarrer autour de 60 soles par personne.
Il est aussi possible d’y a aller par ses propres moyens à un prix nettement inférieur.
A l’entrée du port de Puno, on peut acheter un aller-retour pour 10 soles ainsi que l’entrée aux îles pour 5 soles. De tout l’argent que l’on dépense pour aller aux îles et en revenir, avec ou sans tour, cette entrée à 5 soles est la seule qui revient directement à la communauté des Uros : tout le reste va dans la poche d’intermédiaires. Les Uros vivent principalement du tourisme mais ils sont « au bout » de la chaine.

Puno, point de départ pour visiter les îles Uros.
Premiers pas sur les îles Uros
Quand on débarque sur l’une des îles pour la première fois, marcher sur la totora fait un drôle d’effet ; on a l’impression de se promener sur un lit au matelas assez mou. Sur place on est reçus par le président de l’île (chaque île en a un) qui nous invite à nous assoir sur des sièges faits de totora, d’ailleurs tout est fait en totora ici : les maisons, les sièges, tout tourne autour de la totora sur les îles Uros.
Après une petite explication sur la façon dont les îles sont fabriquées et de la maintenance qu’elles exigent (il faut installer une nouvelle couche de totora tous les 10 jours), on nous divise en petits groupes de 4 personnes pour nous faire découvrir l’intérieur des maisons des Uros. Jusqu’ici c’est sincère, les maisons sont vraiment habitées par ces personnes. Elles sont toutes petites, une pièce avec un lit, quelques affaires et c’est tout. La femme qui nous montre sa maison nous parle quelques instants avant de nous inviter à voir ce qu’elle vendait, des objets artisanaux.
C’est là que ça devient bizarre : on a entendu et lu plein de fois que les Uros vivent du tourisme et en particulier de la vente des objets artisanaux qu’ils fabriquent mais ce n’est pas du tout ce que nous voyons. La moitié des objets en question sont en plastique, certainement made in China, vendus à facilement 10 fois leur valeur réelle. Il a d’autres objets en laine ou en totora qui sont visiblement fabriqués sur place, mais il se dégage de l’ensemble une impression de faux, d’artificiel.
Le discours de la femme se répète à tous les stands : « Achetez-moi quelque chose s’il-vous-plait, c’est de ça que nous vivons, aidez-nous. »
Anne et moi avions décidé d’acheter quelque chose avant même de venir, pas parce qu’on aime particulièrement amasser les souvenirs, mais parce qu’on s’était renseignés et qu’on savait que les Uros vivent principalement de ce qu’ils vendent aux touristes… et après tout ce sont eux qui fabriquent et entretiennent les îles. Vivre dans ces îles demande son lot d’efforts et de sacrifices, l’humidité peut être très importante – c’est aussi pour ça qu’il faut remettre une couche de totora sèche tous les 10 jours – et elle provoque des maladies chez les habitants. On a juste voulu participer un minimum à l’économie locale en achetant une babiole : Anne a choisi un collier en plastique à 10 soles (facilement 10 fois sa valeur).
Un business bien rodé
Après les achats on peut se promener sur l’île librement, comme elle est toute petite c’est très rapide. A un moment, le président nous a parlé de sa « Ferrari » (un bateau fait de totora qui peut emmener jusqu’à 15 personnes), où tout le monde est supposé monter pour aller connaître l’île capitale. Bien entendu, il faut payer 10 soles de plus par personne et prendre ce bateau n’est pas du tout optionnel comme on nous l’avait dit avant d’embarquer.
On parle avec le président pour lui dire qu’on ne veut pas prendre le tour en bateau et sa réponse est la même : « Aidez-nous s’il-vous-plait, c’est pour l’entretient de l’île. » Il ajoute que si on ne va pas dans le bateau, on devra attendre 40 minutes pour repartir avec le bateau qui nous a amené depuis Puno, etc. On décide finalement d’y aller puisqu’on était les seuls avec deux Canadiennes à ne pas être intéressés.

Séance de chant étrange avant notre départ pour l’île capitale.
Avant de partir pour l’île capitale, les habitantes de l’île nous ont chanté quelques morceaux d’adieu en quechua, aymara, espagnol et anglais. La chanson en espagnol qu’elles ont choisi, c’est « Vamos a la playa », c’est triste et même embarrassant de voir comment ces femmes montent un spectacle pour touristes sans âme.
A l’arrivée sur l’autre île, qui est juste un lieu de vente plus grand, le voyage termine. Quant au bateau de Puno, il suit quelques minutes plus tard, et non 40 minutes comme annoncé. Anne et moi on en avait déjà marre, avec la sensation de s’être fait avoir. Si on avait su qu’on devrait prendre obligatoirement le tour en bateau de totora une fois sur place, on n’aurait jamais acheté ce collier en plastique.
Visiter les îles Uros vaut-il le coup ?
C’est un endroit qui tourne autour du tourisme au mauvais sens du terme. Les Uros ont su conquérir le lac pour se créer un lieu où vivre, mais à un coût élevé, je pense. Tous les jours se monte un triste spectacle pour les touristes… mais ça reste un lieu unique et très impressionnant.
Tags: visites
0 Comment