Si un jour vous vous baladez dans la forêt millénaire du Parc National Conguillío et que son volcan entre en éruption, vous avez de la chance : vous ne risquez pas de finir ensevelis sous une coulée pyroclastique mêlée de neige fondue. Si vous êtes dans l’autre partie du parc, celle au paysage dépouillé fruit des éruptions régulières du Llaima, il est grand temps de partir !
Le Parc National Conguillío, ce sont deux visages formés à l’aide d’une recette très chilienne : Andes, volcan actif, lacs et neige, flore endémique. Mélangez, laissez passer les siècles et les éruptions et vous obtiendrez le Conguillío. Ici les araucarias millénaires cohabitent avec des lacs uniques et des amas de basalte où seuls quelques lichens poussent et partout, un drôle de sol noir. L’ensemble forme des paysages d’un autre monde, hors du temps, dominés par la cime enneigée du Llaima. D’ailleurs, la série « Sur la terre des dinosaures » a tourné ici, ça ne me surprend pas.
Benjamin et moi entrons par le sud, au niveau de Truful-Truful. Nous pénétrons dans un monde minéral : ça et là, lichen et petites plantes ajoutent un peu de vert. Sans cela, on se croirait dans un cliché en noir et blanc, en particulier quand le ciel est nuageux. Tout change lorsque nous arrivons dans la forêt : même les troncs sont couverts d’un lichen vert, la « Barbe de la montagne ». On dirait le décor d’un étrange conte de Noël, où les sapins sont en forme de parapluie et la neige couleur vert amande. Une plante native, le colihue, se développe entre les arbres. Il ressemble à un cousin du bambou, pour parfaire mon étonnement.
Même les lacs sont différents ici. La laguna Arc-en-ciel porte bien son nom, les couleurs s’y éveillent joliment même par temps couvert. De la laguna Captrén surgit une forêt submergée, d’autant plus mystérieuse dans la brume du petit matin où nous la découvrons. Enfin, le grand lac Conguillío et son rivage de sable noir nous accueillent une nuit, sous un ciel nocturne magnifique.
Mais le roi ici, c’est l’araucaria : l’arbre donne son nom à la région (l’Araucania) et aux peuples indigènes de la zone (les araucanos). Sa silhouette en parapluie se reconnaît facilement de loin, perchée le long des crêtes, dominant les bois. Au sol aussi, impossible de l’oublier : les pignons pleuvent ! Ils tapissent les sentiers, routes et campings où nous les ramassons pour les cuire et les manger. L’araucaria le plus ancien du Parc National Conguillío a 1800 ans, c’est l’araucaria madre. Il y a quelque chose d’émouvant à voir cet énorme tronc, si ancien comparé à notre durée de vie – voire celle de nos nations… J’espère qu’elle ne fera pas partie avant longtemps de ces géants tombés, souvent sous l’action de la neige et du vent, qui jalonnent notre balade. Elle mettra comme eux des décennies à se décomposer totalement, toujours impressionnante.
L’autre vedette du Parc National Conguillío est le Llaima, qui régit par son volcanisme actif une bonne partie de la vie des lieux. Impossible de l’ignorer : des panneaux informent que l’on entre ou sort d’une zone de danger d’éruption, indiquent le niveau de risque d’une telle occurrence ou la marche à suivre quand cela arrive. Le texte précise que cette routine a déjà été réalisée avec succès en conditions réelles ! En effet, le Llaima est l’un des volcans les plus actifs d’Amérique du Sud, sa dernière éruption date de 2008. Enfin, vous pouvez y entrer l’esprit tranquille, il est surveillé de très près et les gardes du parc savent ce qu’ils font.
Nous aurons passé en tout trois jours et deux nuits dans les environs du trompeusement calme Llaima. Benjamin comme moi sommes tombés sous le charme du Parc National Conguillío. Alors que je regarde la cime du volcan s’éloigner depuis le coffre du 4×4 surchargé qui a généreusement offert de nous ramener, j’ai déjà le projet d’y retourner un jour. Benjamin me fait la réflexion que le parc doit être magnifique sous la neige… Peut-être pour un prochain hiver au Chili ? Quoiqu’il en soit, le Conguillío est l’un des plus beaux parcs que j’aie vu, tous pays et toutes saisons confondus.
Parc National Conguillío Informations (en espagnol) : www.conaf.cl Tarifs entrée : Chilien adulte 3.500 CLP – enfant 2.000 CLP. Etranger 4.500 CLP – enfant 2.500 CLP. Horaire : 8h30 à 18h30, du lundi au dimanche. Campings et cabanes : il y en a plusieurs, de 35.000 CLP/site à 5.000 CLP/personne. |
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5 Comments
Que cela donne envie d’aller voir ! oui je sais je ne suis pas très originale dans mes commentaires… -:)
Gros bisous de Toulouse à tous 2 ! où il fait 17 degrés de plus qu’à Lille que je rejoins ce soir.
Il paraît qu’ici nous avons eu de la chance avec la météo car presque pas de pluie en cette fin d’été/début d’automne ! A part les nuits parfois fraîches, la région de l’Araucania est une bonne destination hors-saison, Benjamin et moi avons bien fait d’y aller : on a eu le beau temps, le calme et les prix moins élevés.
Besos!
J’adore celle du volcan qui se reflète dans l’eau 🙂
Merci ! C’était au niveau de la laguna Captrén, pour info. Le Conguillio est vraiment très photogénique, ça a été un bonheur de prendre des photos là-bas. Pour Benjamin et moi c’est définitivement LE parc à faire de la région.
On vient de passer 1 mois au Chili avec un petit camping car, de Santiago à Porto Montt, le parc était fermé au mois d’octobre mais on a pu rentrer gratuitement et du coup nous étions seul au monde pendant 3 jours dans cet endroit magique, nous partageons totalement vos impressions, par contre la neige dans certaines randos nous a un peu compliquée la vie…
Le mois suivant c’est passé en bus à travers le sud de la Patagonie Argentine pour finir à Ushuaia. Notre première balade sur le continent Sud américain, c’était en 74, au Pérou.
Des papis et mamies voyageurs….